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Spiritualité - Sédir, Yvon Le Loup (lu également Paul Le Loup...) Quelques textes de Sédir, pour qui sa rencontre avec Monsieur Philippe fut un des moments les plus marquants de son existence. Il était déjà écrivain, mais plus spécifiquement sur l'occultisme. Il devient dès lors un des écrivains les plus empreints de mysticisme qui se puisse concevoir. Par de nombreux écrits, il tentera de partager, de transmettre l'extraordinaire de ce que fut pour lui cette Rencontre. L'un des ouvrages : Initiations relate sa rencontre avec Philippe, de Lyon... Comment se faire entendre de Dieu, être entendu, On emplirait des bibliothèques à rassembler tout ce qui a été écrit sur la prière. Tous ces conseils sont utiles, et chaque suppliant présente sa requête comme il le peut. Je me bornerai ici aux indications indispensables. Prier n'exige, en somme, qu'une seule condition, mais essentielle : c'est que notre voix monte jusqu'à Dieu. Je ne parle pas par métaphore ; vous entendez bien qu'il s'agit de tout autre chose que de méditation, ou d'auto-suggestion, ou de concentration volontaire. La prière est un cri d'appel et rien d'autre. Le tout, c'est de se faire entendre. Or, de tous les êtres, c'est Dieu qui nous est le plus proche, parce qu'Il est au centre de nous-mêmes. Mais nous pouvons être, et nous sommes trop souvent loin de Lui. Pour nous faire entendre, notre coeur doit parler la langue du Ciel, et ce langage, c'est la charité ; notre personne doit prendre conscience de son néant, et dans ce vide intérieur l'infini se précipite à flots. Ainsi, croire ne suffit pas ; croire en Dieu et ne pas Lui obéir, voilà comment font trop de chrétiens. Je préfère ceux qui prétendent ne pas croire et qui obéissent à la loi divine. La prière sans la charité préalable ne peut rien ; tandis que la charité sans la foi émeut tout de même le Ciel. Souvenez-vous des admirables histoires de l'Enfant prodigue et du bon Samaritain. Ce n'est pas la foi qui engendre la charité, c'est la charité qui engendre la foi ; la foi n'est pas une opinion du cerveau, c'est une conviction du coeur. Avoir foi en quelqu'un, ce n'est pas croire que cette personne existe ; c'est avoir confiance en elle, et lui vouer toute fidélité. La foi signifie amour de Dieu, comme la charité, amour des créatures. Ces deux flammes grandissent l'une par l'autre, et s'alimentent mutuellement. Vivre, c'est sortir de soi. Par la charité vous sortez hors de vous-mêmes, vers le monde en détresse ; par la prière vous sortez en dedans de vous-mêmes, vers le Père très bon qui aime vos efforts. Ensuite il faut être humble. Dieu n'écoute pas les orgueilleux, ceux qui se croient forts ou savants ou adroits. Personne ne peut se croire tel, s'il n'a jamais jeté un seul coup d'œil sur l'énormité des puissances qui nous écrasent et sur l'immensité des inconnus qui nous entourent. Cela, c'est le niveau raisonnable de l'humilité, c'est le plus simple. Il faut encore ne pas se croire meilleur ou plus intelligent que ses camarades ; c'est déjà plus difficile et nécessite une certaine connaissance de soi-même, avec pas mal d'expériences désagréables, car ceux-là seuls sont indulgents qui ont souffert. Rares sont les disciples qui descendent à cette espèce d'humilité, par laquelle on s'estime le dernier des hommes, le moins bon, le moins intelligent, le moins digne d'intérêt, par laquelle on entraperçoit que nous n'avons rien que nous ne l'ayons reçu , comme le dit l'Apôtre. Par laquelle aussi on trouve justes les calomnies, les injures, les attaques les plus injustes ; on les reçoit avec joie et, loin de les fuir, on va au-devant d'elles. Ceci dépasse l'opinion commune ; cet abaissement est difficile d'une difficulté surhumaine ; on ne peut pas descendre tout seul le long de ces pentes à pic ; il y faut le bras d'un ange ou le pourchas d'un démon ; au reste, ange et démon n'arrivent jamais l'un sans l'autre. Soyez donc sans crainte. Quand on a goûté la liqueur douce-amère de l'humiliation, un tel changement s'opère dans les principes de notre être que nous en venons à aimer le persécuteur, à le remercier, à demander aux bénédictions du Ciel de descendre sur sa tête ; nous savons avec certitude qu'il nous est bienfaisant. Bien que tout ceci puisse paraître manquer de mesure, souvenons-nous combien nous sommes incapables et infirmes. Notre orgueil, en vérité, est illogique ; cette force selon le moi, est de la faiblesse selon l'Esprit. Le dernier mot de notre superbe libre arbitre, c'est le mot de la Vierge : Qu'il me soit fait selon Votre volonté . Et, dès que cet abandon est consenti, quelque chose d'inconnu, d'obscur et de très fort se lève en nous. Cette énergie mystérieuse, c'est la foi. Tout au moins sa chrysalide ; la confiance en Dieu est nécessaire quand on prie. La foi emporte la prière jusqu'à Dieu. Si vous saviez ce que c'est que la foi, plus rien ne vous paraîtrait difficile. Quand Jésus affirme que la foi peut déplacer les montagnes, Il ne parle pas par métaphore, Il énonce un fait physique. Quand Philippe de Néri, je crois, ordonne à un maçon qui tombe d'une tour de s'arrêter et que cet homme reste suspendu à mi-chemin ; quand le curé d'Ars envoie la directrice de son orphelinat visiter le grenier vide, et qu'elle le trouve rempli de sacs de blé, ces saints possédaient de la foi gros comme un grain de chènevis . Ils n'avaient pas appelé d'esprits, ni prononcé de mantrams ; ils avaient demandé au Père et le Père avait envoyé des anges. Ainsi la foi est bien en nous une force divine, surnaturelle, qui crée là où il n'y a rien et qui trouve là où il n'y a rien de créé. Cette magnifique et complète définition est de Jacob Bœhme, le savetier. Comment celui qui n'est pas sûr que Dieu lui accordera veut-il recevoir ? Est-ce que l'irrésolution, la timidité, la crainte, le scepticisme n'empêchent pas tous les jours des milliers d'hommes de réussir dans ces entreprises temporelles si faciles au regard des efforts du combat spirituel ? |