|
Vous etes ici>> Sedir >> jeanne d'arc
Spiritualité - Sédir, Yvon Le Loup (lu également Paul Le Loup...) Quelques textes de Sédir, pour qui sa rencontre avec Monsieur Philippe fut un des moments les plus marquants de son existence. Il était déjà écrivain, mais plus spécifiquement sur l'occultisme. Il devient dès lors un des écrivains les plus empreints de mysticisme qui se puisse concevoir. Par de nombreux écrits, il tentera de partager, de transmettre l'extraordinaire de ce que fut pour lui cette Rencontre. La très Sainte JEANNE D'ARC On connaît l'histoire de Jeanne d'Arc, du moins pour les grandes lignes et pour les incidents extérieurs. Or c'est tout ce que l'on peut espérer en connaître, car la véritable histoire se cache dans une ombre impénétrable. Quoi qu'en pensent le public crédule et les érudits, d'une autre manière aussi crédules, lorsqu'on a été instruit des dessous de certains événements, lorsqu'on a reçu de certains personnages quelques confidences sincères, il faut bien s'avouer que les pièces originales les plus secrètes peuvent être, sont presque toujours inexactes. La foi naïve des archivistes a beau admettre leur véracité, il n'en reste pas moins évident que tout homme d'État sait qu'un écrit demeure ; nous le savons bien nous, simples particuliers ; ce n'est que dans les romans que le criminel ou le héros tient un journal de son crime ou de sa vertu. Que Jeanne fut Champenoise et non Lorraine ; que son nom s'écrive avec ou sans particule ; qu'une de ses soeurs, Claude, ait joué auprès d'elle, puis, après elle, de 1436 à 1440, un rôle guerrier sous le nom de Dame des Armoises ; que son père, par ses fonctions municipales dans un village situé sur la grand'route de Langres à Domremy, ait reçu de certains émissaires des nouvelles fréquentes concernant la situation de la France ; que les communautés franciscaines avec saint Bernardin et sainte Colette de Corbie aient aidé partout la jeune fille et aient mobilisé en sa faveur les moines et le peuple ; que sa mission ait été une lutte contre les Templiers reconstitués en Angleterre, soutenue par le parti gaulois et celtique ; que l'être qu'elle désignait sous le nom de Roy du Ciel ait été le chef occulte de ce parti, résidant aux environs de Mende ; que la duchesse Anne de Bedford l'ait visitée dans sa prison comme représentante des Lords ennemis des Templiers : tout cela reste encore invérifiable ; ce sont d'ailleurs des " comment ". Il me semble d'un intérêt plus pratique de rechercher avec vous les " pourquoi " et les " parce que ". C'est la vie intérieure de notre héroïne, sa formation spirituelle qui doit nous intéresser, car la sublimité de l'âme vitalise les événements, tandis que les événements ne peuvent transporter au surhumain les velléités d'une âme vulgaire. A aucune époque, peut-être, plus qu'à la nôtre, des voix aussi nombreuses ne se sont élevées contre les patries ; on a le devoir de les tenir pour sincères. Cependant la formation d'une patrie est un phénomène aussi naturel que la formation des différentes classes sociales. Qu'aujourd'hui se fasse un partage exact des fortunes, est-ce que, dans un siècle, il n'y aura pas des riches et des pauvres ? Dans notre corps, est-ce que les jambes ne se fatiguent pas davantage que les muscles du tronc ? Est-ce que les cellules du muscle cardiaque ne travaillent pas jour et nuit, tandis que d'autres se reposent ? Il faut en revenir à la grande théorie ancienne que découvrent la sociologie et la psychophysiologie modernes : tout individu est une collectivité, toute collectivité est un individu. Le genre humain est un être dont les races et les peuples sont les organes et les hommes, les cellules.
Le but vers lequel Dieu l'oriente, les mouvements qu'Il lui imprime nous
demeurent plus inconnaissables que le plan de la bataille au fantassin. Nous
savons seulement que le but existe et que la bataille se livre ; tout lutte sans
cesse et partout ; une respiration qui entretient notre vie, un repas, un
mouvement déterminent dans notre organisme des morts innombrables. L'Asiatique a son travail, l'Européen, l'Américain, le leur ; l'Italie est incapable de faire le travail de l'Angleterre, et la Chine celui de la France. Tout peuple est choisi pour une certaine besogne, comme tout individu : l'intuition qui anime chacun d'eux, c'est leur idéal particulier. Regardons l'Europe pendant les siècles lointains où elle s'organise. Une race que je crois autochtone, le peuple d'abord : ce sont les Celtes ; mais les autres continents lui envoient des visiteurs : des Atlantes, des Noirs, des Jaunes. Puis, après des cycles, l'Église et l'État se consolident lentement, d'abord en Italie, en Espagne, en France. Mais la vie sociale y oscille entre le pôle de Lumière : une société chrétienne communiste, et le pôle de Ténèbres : une société d'impérialisme antichrétienne. Entre les nations, la France est choisie pour porter un certain flambeau, et elle le porte à travers un déluge de douleurs. Vous vous souvenez du moyen âge, de ses guerres, de ses épidémies, de ses famines, et de son invincible foi ? Vous représentez-vous ce que furent les Croisades et la guerre de Cent ans ?
Sans doute, en subissant la terrible calamité des suites de laquelle nous
souffrons tous encore, vous êtes-vous demandé pourquoi les siècles n'apportent
pas d'amélioration stable à notre sort, sauf dans le domaine matériel ; toujours
les mêmes misères, les mêmes violences, les mêmes ruses ; toujours le même
triomphe des mauvais ; toujours le même écrasement des petits. La vie ressemble à une balance dont un seul plateau est visible : celui du Mal ; le plateau du Bien reste caché aux regards de l'observateur ; la Lumière ne descend ici-bas que pour être engloutie par les Ténèbres, qu'elle modifie mystérieusement. Les époques de grande perversité insolente sont les époques des grandes saintetés inconnues ; car, si les maux s'additionnent, les sacrifices et les implorations se multiplient. Or, entre toutes les nations de l'Europe, la France fut choisie de Dieu pour accomplir parmi ses soeurs cadettes l'oeuvre de Lumière. Elle n'a pas à tirer orgueil de cette élection : elle n'a fait que ce que le Ciel lui a donné la force de faire ; d'ailleurs, comme le saint qui reste humble devant la foule vénérante, la France est restée humble ; nous sommes le moins chauvin des peuples, nous trouvons mieux tout ce qui se fait à l'étranger, nous n'avons à priori que des critiques pour tout ce qui se passe chez nous ; et c'est cette inconsciente modestie qui nous rend capables de suivre les impulsions d'En Haut. |